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Une force féminine pour soutenir le futur du numérique  

 

Interview en exclusivité 

(pour l'édition spéciale 2018 VISIONNAIRES DU 21e siècle )

avec

Veronique di Benedetto

Présidente de 

Femmes du Numérique

 

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by Ingrid Vaileanu et PhD. Florin Paun  

Interview Francophone : Comment voyez- vous les évolutions des modèles d’innovation et de création de valeur, modèles du management dans les prochaines années? 

 

Véronique Di Benedetto : 

L’évolution des modèles de management et d’innovation s’inscrit au cœur de la transformation des entreprises et de leur business modèle. Aujourd’hui toute entreprise est impactée par trois grands facteurs :

-           Tout d’abord, l’arrivée d’une nouvelle génération digital native sur le marché de l’emploi, qui modifie en profondeur la relation au travail et à l’entreprise ;

-           ensuite, l’intégration du numérique dans les taches à moindre valeur ajoutée, qui induit la notion de « collaborateur augmenté » par les systèmes de data, par l’intelligence artificielle par exemple ;

-           et enfin l’accélération des innovations sur le marché, découlant de produits ou services rendus possibles par la technologie et qui remettent en question toutes les pratiques et processus en entreprise. 

Ces faits obligent les entreprises à repenser leur « expérience collaborateur » comme un enjeu de performance, en les considérant comme la première partie prenante de l’entreprise. L’engagement  devient le premier facteur incontournable de productivité. 

A cela, s’ajoute le rééquilibrage entre les soft skills et les hard skills, car les entreprises ne recherchent plus juste du savoir-faire, elles ont besoin de personnalités qui vont favoriser une culture et un état d’esprit. Des personnalités qui auront une capacité d’adaptation tout au long de leur vie propice à l’innovation et à la réussite.

Si l’on considère l’innovation comme une aventure humaine qui requiert des ingrédients tels que la prise de risque ou encore la créativité, alors le management est la clé de voute pour favoriser une telle culture. Le manager est aujourd’hui celui qui anime, encourage et challenge pour créer un environnement propice à l’émergence de l’innovation.   

Prenons l’exemple d’Octo, ce modèle de tribu où l’itération, la responsabilisation, l’agilité est le premier principe de l’organisation. Octo fait partie du groupe Accenture. Et pourtant ils n’ont pas du tout été absorbé ni standardisé. C’est également la philosophie d’Econocom : nous nous associons, plus que fusionnons, avec les sociétés que nous rachetons. Nous favorisons l’alignement avec elles, tout en gardant la culture et la personnalité des fondateurs, car c’est la recette de l’agilité performante et de l’innovation entrepreneuriale.

Les directions de l’innovation sont les responsables de la fertilisation de ces nouveaux territoires qui vont être les business de demain, en misant sur l’idéation et l’expérimentation, en étant ouvert sur tout l’écosystème externe, en étant des facilitateurs, des capteurs et des connecteurs d’idées et d’expertises .  

Interview Francophone : Quelle est la dynamique d’innovation française et comment peut inspirer l’Europe ? 

 

Véronique Di Benedetto : 

En quinze ans, le soutien financier à l’innovation par les pouvoirs publics a doublé. Le choix de consacrer toujours plus de moyens à cette politique a été maintenu au fil des alternances politiques. Cet effort a été mis au service d’une ambition nationale : placer durablement l’économie française à la frontière technologique et assurer sa compétitivité par la montée en gamme des biens et services produits. On l’a encore constaté récemment avec la stratégie française sur l’intelligence artificielle, avec un positionnement affirmé de la France et une volonté d’entrainer l’Europe en se  focalisant sur des domaines dans lesquels il sera possible de faire grandir des acteurs clés (santé , mobilité, environnement, défense-sécurité).

Côté entreprises, de nombreuses nouvelles initiatives très positives sont mises en place : innovation ouverte, collaborations entre grands groupes et start-ups, incubateurs, intrapreneuriat…. la France se doit de renforcer encore sa R&D publique, de mettre en place des réglementations moins contraignantes, pour mieux et davantage favoriser l’innovation dans les entreprises.  Elle doit aussi encourager le développement des formations aux nouveaux métiers de l’IA , de la data et de toutes les nouvelles technologies. Nos talents, nos ingénieurs sont d’ailleurs recherchés à travers le monde, essayons de les conserver !!

Cette combinatoire peut inspirer nos voisins européens. Rappelons  que la France est loin d’être à la traîne, et qu’elle joue même un rôle majeur au niveau mondial. Selon le Top 100 Global Innovators des organisations les plus innovantes, la France se classe au troisième rang mondial, derrière les États-Unis et le Japon, grâce au nombre de brevets déposés. De plus, Paris s’affirme comme le troisième pôle mondial dans l’innovation, après la Silicon Valley et Londres.

 

Interview Francophone : Comment intégrer l’innovation (la finance responsable, l`IA) dans les objectifs économiques et sociaux de court et long terme grâce aussi à vos projets et actions ? 

 

Véronique Di Benedetto : 

Aujourd’hui intégrer des critères de responsabilités est indispensable pour toute entreprise. En effet la vision des clients est beaucoup plus tranchante sur l’inclusion de critères sociétaux, sociaux et environnementaux dans les modèles économiques   

 

L’entreprise qui favorise donc un écosystème, vertueux, qui a compris son rôle sociétal et l’inclusion de ses clients et collaborateurs en son cœur, est une entreprise non seulement plus rentable mais aussi plus pérenne. Et l’innovation permet d’engager les sujets vraiment essentiels de business de l’entreprise, ceux qui posent de vrais problèmes de soutenabilité sur le long terme ou des problèmes d’éthique. L’IA en fait partie car les bouleversements que provoquera son développement ne sont pas encore prédictibles, voilà pourquoi chez Econocom nous considérons qu’il est de notre responsabilité d’établir les conditions d’un essor maitrisé et bénéfique de l’IA, pour un bien commun. 

C’est ainsi que nous nous sommes investis dans le secteur de l’Education pour que le digital puisse apporter des réponses concrètes et de confiance à des enjeux d’inclusion, d’individualisation des apprentissages, d’adaptation des compétences tout au long de sa vie. 

 

Interview Francophone : Quelle est votre meilleure expérience professionnelle qui peut inspirer les générations du 21e siècle? 

 

Véronique Di Benedetto : 

L’ expérience professionnelle la plus forte que vous puissiez vivre passe par la réussite d’un collectif que vous avez développé ou créé, qui soit à la fois performant et porteur de valeurs fortes . Cette réussite du collectif vous apporte une joie intense, car on donne autant que l’on reçoit et c’est ce mouvement d’énergie qui vous dope et qui dope le groupe. 

Que ce soit un projet entrepreneurial ou associatif, artistique ou sportif, ce qui compte c’est l’élan créatif que vous mettrez en mouvement. J’ai vécu plusieurs situations de ce type soit en création d’entreprise soit en accompagnant des créateurs d’entreprise, soit en mouvement associatif. Le moment où vous démarrez d’une feuille blanche et celui où vous lancez votre projet, avec des personnes qui vous suivent et qui se fédèrent avec énergie autour de ce projet, est un moment unique.

 

Ensuite les écueils, les difficultés, les obstacles viennent vous rappeler souvent combien un projet peut être fragile et rapidement écourté, si vous ne franchissez pas toutes les étapes nécessaires à sa survie. Mais ce balancier entre les joies et les difficultés vaut la peine d’être vécu car rien n’est plus jouissif que d’être entrepreneur de sa vie et de prendre le risque de vivre une aventure !

 

Chez Econocom on favorise et encourage des aventures intrapreneuriales et entrepreneuriales. Actuellement j’accompagne un collaborateur qui lance sa start up, en ayant démarré un projet avec son équipe à l’intérieur du groupe. Econocom a favorisé « l’excubation » de son initiative pour lui permettre de créer une entreprise totalement autonome. Voilà l’illustration concrète d’une personne qui devient entrepreneur de sa vie, parce que l’environnement au sein duquel il a travaillé a fait émergé en lui cette envie.  

5. Quel conseil pour l`Europe et pour les innovateurs du 21e siècle pour renforcer la voix et lù action des femmes dans le numérique ? 

 

L’innovation numérique apporte des nouveaux usages et transforme la façon d’appréhender le monde, il n’est donc pas admissible que la société numérique, dont les impacts sur notre quotidien sont croissants, ne soit pensée, développée et gouvernée que par des hommes.  ll s'agit là d'une situation absurde. Le numérique, un secteur d'avenir, ne peut pas s’inscrire dans un cadre social et culturel dépassé, alors que c'est la diversité qui doit prévaloir dans nos entreprises et nos services publics.

 

En outre le développement de l’IA, porté que par une vision essentiellement masculine, pourrait contribuer dans ce cas à accentuer des biais existants. Voilà pourquoi aux cotés de 41 autres entreprises, d’associations, du Syntec numérique, du Cigref et du Secretariat d’Etat au numérique, Econocom a contribué à la création d’une fondation « femmes @numérique » pour mener des actions à plus grande échelle que par le passé. Il s’agit de mettre en visibilité ce sujet et de démarrer des actions dès le plus jeune âge, dans le cadre éducatif, pour dépasser les stéréotypes et favoriser ainsi l’appétence aux métiers du numérique.

Agissons de concert rapidement et concrètement en France et en Europe !  C’est une question à la fois sociétale et économique, au vu des impacts sur la société, des besoins, des emplois et des opportunités de carrière dans le domaine.

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